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Pour croître, il faut croire…

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Aux États-Unis, après une longue phase d’inquiétudes et d’interventions massives de la Banque centrale pour sauver les banques (autant que possible), puis les entreprises, puis les ménages surendettés, vient le temps de l’Etat. Sa dette a monté pendant la crise, mais au moins les profits des entreprises ont monté aussi, car les taux (courts et longs) ont été abaissés par la Fed. Désormais c’est fini. Les États-Unis ne se financent plus à 1,5% mais à 2,6%. Certains experts disent que les taux peuvent vite grimper à 3%… La Fed assure qu’elle va agir avec soin pour maintenir la croissance, donc pour modérer la hausse des taux longs. C’est elle qui re-guide le monde.  Il faut la croire.

En Chine, les nouvelles officielles ne sont pas très bonnes. L’économie ralentit vers 7%. Regardons les imports qui faiblissent et qui ne trompent pas. Pas plus que les prix des matières premières, or compris, qui baissent. Mais derrière, il y a aussi (surtout ?) une bulle immobilière et des crédits aux régions qui inquiètent. La croissance devra donc ralentir, mais de combien (?). Alors, pour la soutenir, la banque centrale chinoise dit qu’elle va intervenir pour aider les banques. Es-ce que ceci suffira pour gérer la transition vers une économie moins dépendante de l’exportation et de la dépense publique ? Non, mais elle seule peut commencer. Donc il faut la croire.

La croissance au Brésil est en baisse et l’inflation monte. Les populations s’inquiètent, surtout quand elles voient les dépenses faites pour le football, en attendant les JO. Ceci annonce des impôts et la banque centrale va devoir bientôt monter les taux pour calmer l’inflation et soutenir la croissance à moyen terme dit-elle… Dans ce jeu qu’elle mène avec les autorités pour faire évoluer le pays et répondre aux tensions sociales, elle joue gros et compliqué. Mais il faut la croire…

En Italie, avec une croissance faible, Bepe Grillo, le chef du groupe politique des Cinq Étoiles vient de déclarer qu’il faudra restructurer la dette italienne. En même temps, la note du pays est abaissée. De son côté, le Président de la BUBA vient de dire que la restructuration des dettes publiques n’est pas nécessairement une catastrophe. Pour croître, il faut croire la Banque centrale, en zone euro surtout. Mais comment agir si les politiques parlent ainsi et si cette même Banque centrale envoie des messages à ce point contradictoires ? Mario Draghi va devoir calmer le jeu, partout. Il faut le croire plus que jamais. Est-ce que ses mots vont suffire ? Qui croire, autrement ?

En France, si la récession est finie, c’est une croissance lente qui arrive. Comment convaincre les investisseurs de venir ici ? Comment convaincre les entrepreneurs français d’investir ici ? Comment dire que les hausses d’impôt c’est fini, et que la vraie baisse de la dépense publique commence ? Qui croire ?

Notre monde est géré par les anticipations. Il s’aligne si elles sont sérieuses et émises par des personnes crédibles. Autrement c’est la confusion.  Aujourd’hui, le manque de sérieux est plus dangereux que jamais. Et il se mesure : l’Allemagne se finance à 1,56% et la France à 2,18%. 62 points de base. Attention à ne pas dériver plus et à ne pas être assimilés, par les marchés, aux pays du Sud. Ce ne serait pas vexant ou injuste, mais en tout cas plus cher. Nous sommes aux limites de ce spread. Pour pouvoir croître en France, il faut être crédible, autrement dit sérieux et convaincant dans un nouveau débat social.


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