Alors que les produits d’assurance-vie et non-vie progressent modestement sur les marchés matures, les taux de croissance attendus dans les marchés émergents sont bien plus alléchants. Pour les assureurs français, de nombreuses stratégies de développement à l’international méritent d’être étudiées, à condition de prendre en considération les risques afférents.
La synthèse des grandes tendances du marché de l’assurance dans le monde nous montre que la croissance du PNB et des classes moyennes dans les pays émergents sont favorables au développement d’opportunités.
Très concrètement, en 2014-2016, l’assurance non-vie devrait connaître une croissance d’environ 9 % par an en Asie-Pacifique et 8 % en Amérique Latine. Le Moyen-Orient et l’Afrique sub-saharienne représentent aussi de belles perspectives, autour de 6 %. Par comparaison, les marchés matures tablent sur une évolution de + 2 %… et de quasi-stagnation pour l’assurance-vie.
Bien entendu, ces chiffres sont à examiner avec discernement, puisque les variations peuvent être fortes d’un pays ou d’une région à l’autre. Tout acteur intéressé par des opportunités à l’international doit procéder à une analyse fine afin d’identifier les poches de croissance pertinentes.
Une présence internationale contrastée
A l’exception de quelques groupes déjà bien engagés, dont la part du chiffre d’affaires à l’international dépasse les 50 %, la plupart des assureurs français se situent sur une fourchette encore basse, avec une part du CA à l’international se situant entre 10 et 25 %. Ces derniers ont choisi de concentrer leurs efforts sur des zones géographiques en particulier, en cohérence avec leur stratégie clients ou avec le développement du groupe. On note qu’en 2013, certains de ces acteurs ont vu leur chiffre d’affaires à l’international croître de 20 à 30 % : même s’il n’est pas qu’organique, le phénomène est très net et cette croissance de l’activité devrait se poursuivre en 2014-2016.
Vers une reprise des fusions-acquisitions
Les stratégies de développement à l’international peuvent prendre différentes formes qui ne sont pas toutes capitalistiques : accompagnement du réseau retail, accords de distribution / bancassurance, implantations en greenfield, acquisitions, joint-ventures ou partenariats…
Du côté de l’activité M&A, la période 2010-2014 montre que les groupes d’assurance français ont réalisé peu d’opérations. Ce ralentissement s’explique par les effets de la crise et des nouvelles réglementations, qui ont focalisé l’attention des acteurs. La vingtaine d’opérations recensées sur cet intervalle de temps témoigne d’un ciblage en Asie et sur certains pays d’Europe – les pays proches et matures sont davantage en retrait. Il est certain que cette tendance et ces volumes vont s’amplifier dans les prochaines années car le secteur de l’assurance mondial est encore très atomisé et la recherche de relais de croissance est au cœur de la réflexion stratégique des groupes en ce moment.
Dans le même temps, le contexte concurrentiel est assez fort, avec la présence d’acteurs non assurantiels qui convoitent les mêmes cibles et peuvent s’avérer redoutables pour les compagnies d’assurance. Il s’agit notamment d’acteurs non régulés, hedge funds, asset managers et/ou private equity qui devraient être les plus actifs en M&A sur ce marché dans les 18-24 prochains mois.
Qui veut se développer à l’international doit aussi mesurer les risques
L’international peut recéler des opportunités de croissance forte mais ce sont néanmoins des opérations et des activités qui s’exercent dans des pays à environnement moins stabilisé, donc plus complexe à maîtriser. Cela soulève de nombreux sujets, parmi lesquels les questions d’intégration, d’évolution réglementaire, de contrôle interne, de qualité de l’information et des systèmes, de risque de change ou la difficulté à pouvoir rapatrier des dividendes ou des fonds.
Contrebalançant la liste des risques potentiels, les avantages identifiés sont nombreux : ces opérations peuvent créer et faciliter des économies d’échelles, avoir des effets positifs en matière de diversification, apportent de nouvelles compétences et permettent l’identification de nouveaux business models, éventuellement adaptables dans les pays plus mature. L’équilibre entre risques et opportunités doit donc faire l’objet d’une vigilance toute particulière.
Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à me contacter.
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